samedi 1 décembre 2007

Brèves d’un village pas comme les autres

Parmi tant d’autres, quelques caractéristiques de la vie à Natashquan (chronique à suivre).

  • La chasse

Dès qu’un chasseur a tiré un orignal à Natashquan, il le fait savoir à la population en paradant avec la tête de la pauvre bête accrochée à l’avant de son pick-up. Les orignaux sont les bestioles les plus courues de la région. Lors du souper annuel « Chasse et pêche » du mois dernier, un concours de « call » (prononcer cââle, de l'anglais « call », appeler) d’orignal avait d’ailleurs été organisé.

La saison de la chasse étant maintenant terminée, le village attend que l’hiver s’installe pour de bon pour débuter la pêche sur la glace, à laquelle je tenterai de participer.

  • La chicoutai

Madame Ida, une charmante villageoise, nous a offert peu après notre arrivée à Natashquan plusieurs pots de confiture, dont l’un contenait de la chicoutai.

Ce fruit, de la famille de la framboise, est aussi appelé plaquebière, ou plus scientifiquement ronce petit-mûrier. Il pousse à une dizaine de centimètres du sol dans des tourbières souvent difficiles d’accès. Sa cueillette est très compliquée : il existe des plans mâles et des plans femelles, mais seuls les plans femelles donnent les fruits. Les plans mâles, qui sont dix fois plus nombreux, ne servent qu’à la fécondité. Il faut donc avoir la patience de chercher les bons plans. Mais aussi, il faut attendre le bon moment pour les cueillir, car les fleurs ne repoussent sur les plans femelles qu’après 3 ans. Ce qui fait de la chicoutai un fruit extrêmement précieux.

  • La bouffe

Toujours dans le registre des choses bonnes à manger, nous avons reçu de nombreux mets incroyables de nos amis, comme du saumon et de la morue venues directement des rivières de Blanc-Sablon, ou encore de délicieux morceaux de caribou de Shefferville.


Le saumon de Blanc-Sablon


  • Le tambour

Pour l’hiver, on ne peut rien laisser dans le tambour, cette petite pièce à l’entrée de la maison, si pratique pour entreposer de la nourriture, déposer les chaussures et pendre les manteaux. Tout gèle. On l’a donc vidée, et on y entrepose désormais notre petit bois de chauffage.



  • Le Rossy



C'est une chaîne de magasins au croisement entre Wibra, Zeeman et Blokker pour les connaisseurs. Une succursale vient de s’ouvrir au Havre-Saint-Pierre et tout le monde au village en parle. Certaines ménagères de Natashquan ont déjà été faire un tour, revenant avec plusieurs centaines de dollars d’achat. Il s’agit, d’après elles, de montrer aux gérants qu’il y a suffisamment de bonnes clientes dans la région pour que le magasin soit rentable. Certaines ont donc confessé avoir acheté des babioles dont elles n’avaient pas besoin, dans l’unique espoir de voir le Rossy rester ouvert dans la région.



  • La coiffeuse

Le Portageur nous l’annonçait, la coiffeuse a fait son retour à Natashquan entre le 12 et le 16 novembre. Brosse et moustache pour monsieur, coupe Jeanne d’Arc pour madame, tout le village y est passé. La coiffeuse du village revient à Natashquan chaque trimestre pour un petit nettoyage de saison.

  • Les restaurants

Il y a maintenant trois restaurants à Natashquan. Mais en hiver, il n’y en a jamais plus d’un ouvert à la fois. La Goélette a fermé début octobre, John Débardeur (du nom d’un débardeur du village rendu célèbre notamment par Gilles Vigneault) a tenu jusqu’au début du mois de novembre, et depuis, l’Échouerie a pris le relais. Située juste au bord de la plage, à 50 mètres de chez nous, celle-ci est un véritable petit restaurant, proposant deux à trois menus tous les jours dans une ambiance « marine feutrée ».


L'Échouerie, avec où sans neige.

  • Les Cigarettes



Une absurdité américaine parmi mille autres, les cigarettes à fabriquer avec couvre-filtre séparé. Deux boîtes, dix fois plus de plastique, mais un prix moins élevé (un peu plus de 7$ quand même).

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