vendredi 25 janvier 2008

Histoire de Natashquan (1) : les premiers habitants

Les tempêtes sont passées et le froid et revenu. Cette semaine, les températures sont descendues sous les –50°. Le soleil a brillé toute la semaine sur un paradis de glace et de couleurs pâles. J’ai profité du calme pour rédiger maladroitement un petit résumé de l’histoire de Natashquan. Je vous le livre en plusieurs petits chapitres.

Aujourd’hui, vous saurez enfin comment, quand et par qui a été fondé le village.

Les pionniers

Les premiers habitants de Natashquan sont originaires des Îles de la Madeleine. Il s’agit pour la plupart de descendants d’Acadiens qui avaient déjà été chassés d’Acadie par les anglais au milieu du 18e siècle. En 1793, ces émigrés sont rejoints par des familles qui s’étaient réfugiées sur les îles Saint-Pierre et Miquelon.

Lorsque les Îles de la Madeleine sont confiées en seigneurie à un nommé Isaac Coffin (1806), les Acadiens perdent tous les droits et acquis sur la terre et sont assommés de taxes. De plus l’espace vient vite à manquer et les mauvaises récoltes s’accumulent. Certains habitants des Îles de la Madeleine cherchent donc un nouveau refuge. La Côte Nord, littoral encore vierge et bien connu de plusieurs Madelinots (habitants des Îles) sera la destination d’une centaine de famille. Celles-ci se dirigent d’abord vers Kegaska, et ensuite vers Natashquan et la Pointe-aux-Esquimaux (aujourd’hui Havre-Saint-Pierre). Cette dernière deviendra une véritable petite capitale acadienne au fil des ans.


Les première familles arrivent à Natashquan en 1855, à bord de la goélette La Mouche. Ils sont une vingtaine de personnes et forment le noyau de la nouvelle colonie. Une dizaine de familles les rejoignent l’année suivante. Ce deuxième groupe compte une trentaine d’enfants. D’autres suivront, et on recense en 1861 vingt-et-une familles et cent quinze habitants, parmi lesquelles les grandes familles toujours présentes au village aujourd’hui, comme les Vigneault, les Landry, les Lapierre et les Cormier.

Les pionniers vivent principalement de la mer. Certains ont des bœufs (utilisés comme animaux de trait), des vaches et cochons, d’autres entretiennent un petit jardin. Mais souvent la survie prime sur le reste, et c’est la mer qui fournit aux habitants de quoi subsister l’année durant. Le loup-marin à la fin de l’hiver, et puis la saison des grandes pêches : hareng tout d’abord, morue ensuite et surtout. Celle-ci attirera à Natashquan trois compagnies dès 1858, dont une seule s’installera durablement au village, celle des frères De la Parelle. Cette compagnie emploiera une vingtaine de saisonniers l’été.

Plusieurs mauvaises saisons de pêche se succèdent au début des années 1880. Les pêcheurs s’endettent, et la disette s’installe. La situation est telle qu’en 1886, le curé en place au village propose de déménager le village vers sa patrie d’origine et de la reconvertir à l’agriculture. Une trentaine de familles natashquanaises suivent le curé et partent fonder Saint-Théophile, en Beauce. Mais Natashquan reste debout et la pêche reprend petit à petit.

[À suivre]


Sources :

- FRENETTE (Pierre) & LANDRY (Bernard), Natashquan… Le goût du large, Montréal, Les Nouvelles Éditions de l’Arc, 2005.
- Sur la route de Natashquan, audio guide routier, Natashquan, Copacte, 2005.

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