jeudi 10 janvier 2008

Retour


Mon avion de l'aller et celui du retour

Un voyage en avion jusqu’à Natashquan est toujours chose risquée. Nous en avions entendu parler, nous avons pu le tester lundi dernier. Arrivés à Sept-Îles à bord du premier avion, nous apprenons que notre connexion n’a pas encore quitté Blanc-Sablon, de l’aute côté de la Côte. Plus tard, on nous informe que des « pluies verglaçantes » empêcheront quoiqu’il arrive l’avion d’atterrir à Natashquan dans la journée. Le prochain vol est prévu le lendemain, à 11h20. Nous abandonnons donc nos valises au comptoir d’Air Labrador et prenons un taxi jusqu’à l’auberge de jeunesse, celle-là même où j’avais passé trois heures anxieuses lors de mon premier voyage, avant d’embarquer dans le camion de la poste. À la lumière du jour, et accompagné de Marie-Ève, le Tangon est nettement plus chaleureux que dans mon souvenir. Et on fait contre mauvaise fortune bon cœur, se disant qu’une petite journée de transition ne peut pas faire de mal avant le grand retour à Natashquan. Sept-Îles est glauque, mais ne nous empêche pas de progressivement revenir à nos moutons nordiques, au parler local, au vent de la mer. On en profite pour oublier tout le reste, jusqu’au monde extérieur, à la lumière des niaiseries prodigieuses de Nicolas Asselin, célèbre érditorialiste du Nord-côtier, journal local.

La nuit est réparatrice, et le lendemain matin, le ciel semble plus clément. «N’empêche, le plafond me semble un peu bas », me surprend-je à penser. Un coup de fil à l’aéroport nous rassure néanmoins, le vol YNA 1310 prendra bien le départ.

Pour voir un décollage de l'aéroport de Natashquan, cliquer ici


Et puis on troue les nuages, ou pas vraiment, on reste dedans, et quand on redescend, on aperçoit par le hublot les Galets sur la jetée. À une encablure de là, notre maison bleue nous attend calmement. La piste verglacée n’a finalement aucune incidence sur notre atterrissage.


L'aéroport de Natashquan

Il y a une deuxième chose dont on avait entendu parler, et que nous avons pu tester à notre retour, c’est l’eau qui gèle dans la robinetterie. Malgré le redoux terrifiant de cette semaine (ou bien est-ce ma résistance au froid qui atteint des sommets ?), les tuyaux de la cuisine sont hors d’usage. On attend la visite de notre plombier préféré pour régler le problème, mais moi je m’en fous un peu, pour le moment. Le reste n’a pas bougé, et tout peut recommencer.



Mais avant que ça recommence, avant de repartir pour de nouvelles aventures, il me faut d’abord vous en conter d’anciennes, des d’avant la winterlude, quand la neige était abondante et le froid engourdissant. Il y a d’abord eu le bûcheronnage sous la neige, et tout ce qu’elle camoufle, où j’ai dû apprendre à me déplacer sans savoir ce qui se trouvait sous mes pieds, un marais, une rivière, un tronc d’arbre, le tout en maniant la scie mécanique. Ce n’est pas encore ça, mais se vautrer dans la neige blanche, ce n’est que du bonheur. Et puis quand on bûche, on a chaud. Ca permet de se faire un pique-nique à la parisienne sous –30°, avec vin rouge, fromage et… accordéon. C’est quand on voit notre vin rouge littéralement congeler sous nos yeux que l’on se rend compte qu’il fait froid. Et puis cinq minutes après, on ne sent plus nos doigts, et nos gants sont figés par la glace.




Et puis il y a eu ma toute première promenade en raquette. Dans mon imaginaire, les raquettes étaient comme ces grands chasses-mouches avec lesquels on joue au tennis. Apparemment, ils ont fait des progrès dans le domaine depuis la découverte de l’Alaska, et les raquettes n’ont plus de raquette que le nom. On a refait le chemin du Portageur, la toundra et la forêt de pins, le cœur léger (les ours hibernent), à la tombée de la nuit.



Enfin, le pot de Noël, organisé par nos soins dans notre jardin, autour d’un gros feu et d’un verre de vin chaud à la belge. Les bons vœux aux amis avant le départ pour les fêtes. Et la victoire du vin et du feu sur le froid flegmatique de la fin du jour.



Et entre mille autres choses, les dizaines de « partys de Noël », dont les Québécois sont si friands, plombés de chants mal repris répétés à satiété et de dinde en plastique. À noter l’ambitieux « party des profs » qui avait lieu au Havre-Saint-Pierre, auquel nous fûmes conviés en bus scolaire, Linkin’ Park dans les enceintes, trouant la neige qui tombait dur sur la 138 cette nuit-là.


2 commentaires:

Anonyme a dit…

Contente que tu sois de retour.Depuis que j'ai découvert ton blog,j'ai eu envie de laisser un message à plusieurs reprises mais, devant le blog,je bloque:c'est un truc de jeunes!Bon,je franchis le pas.
Natashquan,j'en rêvais depuis 45 ans(la chanson!),la Côte Nord depuis très longtemps aussi.J'y suis allée l'été dernier....Un peu la frousse:et si j'allais être déçue?J'en suis revenue éblouie.J'ai tout aimé(Sept-Iles et Havre Saint Pierre aussi).Depuis mon retour en août,je ne suis pas très sûre d'avoir vraiment atterri...
Un seul regret:avoir laissé passer tant de temps avant d'aller là-bas;et une envie :y retourner pour plus longtemps.
En attendant,grâce à toi,j'y suis presque...

Guillaume Hubermont a dit…

Merci beaucoup pour ta lecture. Je te souhaite de très vite revoir le Nord.