mercredi 12 septembre 2007

Réveil

Se réveiller après cent mille ans de gris bruxellois, progressivement réaliser que l’on est à l’endroit exact où nos rêveries nous menaient invariablement, voir un bout d’aurore lève-tôt, le ciel immense, bleu comme l’océan, sentir le vent caresser en douceur les fins rideaux blancs de la fenêtre, descendre les escaliers craquants jusqu’au gigantesque frigo américain rempli de pain mou, de fromage mou, de sauces piquantes, de bidons de lait et de jus d’orange, de raisins sanguins, ouvrir la baie vitrée où le soleil frappe et s’étendre sur le balcon de bois chauffé, respirer le matin frais. La transition n’est pas encore opérée, mais le nouveau goût est déjà dans la bouche.

Au programme de la journée, une visite à la clinique de Saint-Jean pour un certificat de bonne santé, papier indispensable à l’obtention du permis de travail. Promenade à pied sur la « Commerciale », c’est-à-dire l’autoroute bordée de magasins qui traverse la banlieue. Le vent souffle toutes les odeurs de l’Amérique. Pas de souci majeur, la pharmacie est en dessous du cabinet, au cas où je désire prendre quelques chips pour mon moteur. Plus tard dans la journée, retour à la rivière Etchemin où il y a deux ans, je venais méditer sur le sens et la célérité de toutes les choses que mon gros nez pouvait atteindre. Le rocher sur lequel je posais mes petites fesses a disparu, l’eau a monté à cause des fortes pluies. Je manque de me casser la tête pour en atteindre un autre. Cigarette, vent, clichés, un grand sourire et retour à la maison.

J’ai Marie-Ève au bout du fil. Je me suis déjà sacrément rapproché d’elle. Le départ pour Natashquan est fixé au lendemain matin. Pas le temps de souffler. Les violons cinématographiques se mettent en branle, les sacs se ferment les uns après les autres. L’essayage de vêtements d’hiver se fait en fast-forward esthétique. J’hérite du père de Marie-Ève d’un superbe manteau en poil, d’un chapeau et de pulls en laine. Dodo dans le grand lit mou.

1 commentaire:

Thierry a dit…

Il était de Charleroi, le ciel gris que j'ai délaissé, sans regret, pour l'azur qui chaque matin m'enchante..