lundi 1 octobre 2007

Le jardin de Natashquan

Samedi 22 septembre, Marie-Ève et moi sommes partis en reconnaissance dans la région. C’est Monique, collègue de Marie-Ève, qui fut notre guide. Au programme, onze kilomètres au cœur de la faune et de la flore de Natashquan, suivant une piste appelée « le pas du Portageur ».

Cette piste permet de rendre compte de la richesse de la flore du coin, pas toujours apparente au premier coup d’œil. En effet, vue de la route 138, la nature des environs de Natashquan semble parfois désolée, faite de tourbières et de résineux chétifs. Mais alors que l’on s’enfonce plus dans les terres et que l’on s’éloigne de la mer, on voit réapparaitre une vraie forêt, dense en feuillus.

Le sentier que nous empruntons s’enfonce tout d’abord vers la rivière Natashquan – on peut d’ailleurs observer cinq superbes chutes au long du parcours -, avant de remonter sur un plateau de toundra et de roches. Cette « sortie » de la forêt donne une vue imprenable sur des étendues infinies de rien du tout, d’eau, de roches et de sapins.


La "quatrième" et la "cinquième" chute.

Dans la toundra, dans les tourbières, c’est au sol que ça se passe. C’est au sol que l’on remarque que l’automne est déjà avancé, que l’on comprend que cette grande étendue offre d’innombrables richesses : champignons de toutes sortes, plantes carnivores, anis sauvages, graines rouges ou berry, thé des bois.


La richesse du sol

La faune a de quoi effrayer un pied-tendre belge : ours, loups, orignaux, aigles, vautours, pour ne citer que les plus dépaysants. Ce n’est pas pour rien que Natashquan veut dire « Là où l’on chasse l’ours » ; j’ai pu très vite le vérifier. Ça faisait rire Monique et sourire Marie-Ève, mais je flippais sévère. Mon « répulsif à ours » à la ceinture, je ne cessais de siffler pour avertir ces énormes monstres de notre passage sur leur territoire. D’après Monique, aucune raison de s’inquiéter, un ours se taille dès qu’il entend ou voit des humains s’approcher. Elle doit savoir de quoi elle parle, elle qui a vécu à Shefferville à 60° sous zéro, entourée d’ours et de loups. N’empêche, je ne peux m’empêcher de passer en revue toutes les éventualités d’attaque : et si l’ours était pris par surprise ? et s’il cherchait ses petits ? s’il était blessé ou que sais-je encore ?



Après une heure de marche dans la forêt et une succession de bruits inquiétants, nous trouvons sur notre chemin quelques excréments d’ours. Des grosses boulettes noires. Déjà, je veux faire demi-tour. Mais nous continuons, et je redouble mes sifflements ridicules, tout en lisant et relisant le mode d’emploi de mon répulsif.

Quelques kilomètres plus loin, sur la toundra, j’en aperçois un, un gros ours brun. Il dort sur une pierre à quelques dizaines de mètres de nous. Je le montre fébrilement aux deux femmes et leur annonce que je fais demi-tour immédiatement. Monique dit que s’il dort, on peut le contourner. Devant le calme apparent des deux femmes, je décide de les suivre, pâle comme un mort. Après quelques mètres, Monique éclate de rire : il n’y a jamais eu d’ours sur la pierre. Il ne s’agit que d’un ignoble tonneau métallique abandonné là.




L'ours affalé sur la pierre.

Le reste de la promenade se passe sans autre rencontre majeure, si ce n’est le dentiste de Pointe-Parent, la réserve indienne.


Ce panneau a-t-il été écrit par un acadien ou un grand distrait?

1 commentaire:

Anonyme a dit…

waow !