Ne disposant pas de mes fichiers de photos aujourd'hui, cet article sera illustré lors de ma prochaine connexion sur le blog. Veuillez m'en excuser.
Natashquan, malgré son isolement, vit maintenant comme n’importe quel autre village du Québec. Certes, la marchandise met du temps à arriver, les journaux ne sont jamais ceux du jour, Internet n’existe qu’à bas débit, il n’y a pas de réseau pour téléphones cellulaires, etc. Mais il ne s’agit que de broutilles par rapport à ce que connaissaient les habitants du village il y a encore quelques années.
Imaginez qu’il a fallu attendre 1958 pour voir arriver l’électricité à Natashquan. Il ne s’agit au départ que d’une petite usine de la coopérative locale, qui passe aux mains du réseau provincial en 1964. La génératrice locale et son bruyant moteur diesel continueront de fonctionner jusqu’en 1980.
Le télégraphe arrive en 1895, lorsqu’on prolonge la ligne jusqu’à Natashquan. Cette ligne sert principalement à la navigation sur le golfe du Saint-Laurent. Le téléphone débarque vers 1918 et relie d’abord le club de pêche au saumon et Pointe-Parent, avant de joindre le presbytère et le bureau de télégraphe de Natashquan. Progressivement, tout le village se relie à cette unique ligne. Le nombre de sonneries permettent d’identifier le propriétaire du téléphone (exemple : trois longs deux courts). Tout le monde pouvait donc écouter les conversations que les villageois avaient avec l’extérieur ! Le service télégraphique disparaît en 1969 avec l’arrivée du téléphone interurbain.
Le cinéma apparaît au village sous l’impulsion du curé Arthur Parent en 1953. Fonctionnant grâce à des génératrices à essence, le projecteur diffuse films bibliques et westerns à l’école où dans le sous-sol du couvent. La télévision quant à elle fait une apparition remarquée en … 1975 !
Pour ce qui est du transport des hommes, des marchandises et surtout du courrier, Natashquan pouvait compter au début du 20e siècle sur les progrès de la navigation à vapeur. Mais l’hiver venu, l’unique moyen de transport disponible s’appelait « cométique », l’ancestral traîneau à chiens inuit, qui reste très longtemps la seule alternative possible pour circuler sur l’immense pays de la Côte-Nord. C’est ainsi qu’un postillon appelé « cométique » était chargé de desservir un territoire s’étalant de Tadoussac à Blanc-Sablon, et cela une fois par mois ! Cette tâche, difficilement imaginable de nos jours, fut longtemps assumée par un certain Jos Hébert, rendu célèbre par Gilles Vigneault.
« Qui c’que c’est qui s’en va
Porter des lettres d’amour
Des gars de Havre-Saint-Pierre
Aux filles de Blanc-Sablon
Sur les chemins verglacés
C’est Jos c’est Jos Hébert. »
C’est en septembre 1922 que le premier aéroplane survole Natashquan. Des compagnies aériennes vont bientôt se succéder pour le transport du courrier. Le service postal est alors pour le moins rudimentaire : les sacs sont largués en plein vol dans une zone désignée. Ce qui ne se fait généralement pas sans casse. Le transport des passagers se développe quant à lui au cours des années cinquante et la première vraie piste d’atterrissage est construite en 1955.
La semaine prochaine, je vous parle de la vie avant et après la construction de la route 138.
Sources :
- FRENETTE (Pierre) & LANDRY (Bernard), Natashquan… Le goût du large, Montréal, Les Nouvelles Éditions de l’Arc, 2005.
- Sur la route de Natashquan, audio guide routier, Natashquan, 2005.