lundi 7 juillet 2008

L'été en Innucadie

Je suis de retour à Natashquan. Depuis mon départ en mars, que de changements ! le soleil a fait fondre la neige, la mer a chassé la glace et le vent la froidure. C'est l'été et ses touristes, ses levers de soleil à 3h30 du matin, ses nuages de maringouins et ses soirées sur la terrasse.

L'été à Natashquan, c'est aussi de nombreuses activités : concerts, théâtre, artisanat, chasse et pêche. Cette semaine, place au festival du conte et de la légendes de l'Innucadie, évènement majeur pour le village, mêlant les lieux et les cultures, autochtone, acadienne, québécoise. Toutes les informations sur ce festival sont disponibles ici.

L'été, c'est enfin un temps que l'on passe dehors, chez les amis, sur la plage. Ça tombe bien, car n'ayant désormais qu'une connexion internet téléphonique, je ne peux plus alimenter ce blog de photos, vidéos et de sons (fichiers trop lourd!). Je vous laisse donc imaginer, vous qui avez vu les paysages changer au fil des articles, ce que peut être l'été à Natashquan.

Pour les images, les québécois d'entre vous pourront brancher leur poste de télévision sur Radio-Canada le 6 août prochain, date à laquelle sera diffusée la "Petite Séduction" de Natashquan, dont le tournage s'est terminé vendredi dernier dans une atmosphère festive et joyeuse. Le thème : "Natashquan, là où le temps s'arrête..."

Bon été à tous !


mardi 1 avril 2008

Mi-Carême




Plus d'un mois après la fin des festivités, je trouve enfin le temps de vous parler de cette fameuse Mi-Carême, tradition fièrement conservée et renouvellée par les habitants de Natashquan. Voilà en quoi elle consiste :

Durant une semaine, à la moitié du temps de Carême, de curieux personnages masqués et chaudement enveloppés envahissent les rues et, se dispersant, partent frapper aux portes des maisons. Ils sont parfois bruyants, parfois comiques, toujours mystérieux. Aucun d'entre eux n'est un inconnu, il s'agit donc de reconnaitre les visiteurs à travers leur déguisement et malgré leur mutisme. Le moindre geste familier peut s'avérer fatal. Après, évidemment, on mange, on boit et on danse, avant que les "mi-carêmeux" ne saluent et passent à la maison suivante, et ainsi de suite jusqu'au bout de la nuit.




Merci à Madame Lise et Monsieur Roland pour leur accueil chaleureux et pour les photos que vous retrouvez ci-dessous !








Au Québec, trois communautés - L'Isle-aux-Grues, Natashquan et Fatima - célèbrent encore la mi-carême, une fête d'origine française ayant ses sources au Moyen Âge. Très en vogue au XIXe siècle et dans la première moitié du XXe, cette tradition s'est ensuite progressivement éteinte, pour ne subsister finalement qu'en ces rares endroits.

Pour en savoir plus sur la Mi-Carême : SAINT-LAURENT (Francine) & DUNNIGAN (Pierre), Mi-Carême, une fête québécoise à redécouvrir, Montréal, Les 400 coups, 2006.

mercredi 13 février 2008

Histoire de Natashquan (3) : Modernité et communication

Ne disposant pas de mes fichiers de photos aujourd'hui, cet article sera illustré lors de ma prochaine connexion sur le blog. Veuillez m'en excuser.

Natashquan, malgré son isolement, vit maintenant comme n’importe quel autre village du Québec. Certes, la marchandise met du temps à arriver, les journaux ne sont jamais ceux du jour, Internet n’existe qu’à bas débit, il n’y a pas de réseau pour téléphones cellulaires, etc. Mais il ne s’agit que de broutilles par rapport à ce que connaissaient les habitants du village il y a encore quelques années.

Imaginez qu’il a fallu attendre 1958 pour voir arriver l’électricité à Natashquan. Il ne s’agit au départ que d’une petite usine de la coopérative locale, qui passe aux mains du réseau provincial en 1964. La génératrice locale et son bruyant moteur diesel continueront de fonctionner jusqu’en 1980.

Le télégraphe arrive en 1895, lorsqu’on prolonge la ligne jusqu’à Natashquan. Cette ligne sert principalement à la navigation sur le golfe du Saint-Laurent. Le téléphone débarque vers 1918 et relie d’abord le club de pêche au saumon et Pointe-Parent, avant de joindre le presbytère et le bureau de télégraphe de Natashquan. Progressivement, tout le village se relie à cette unique ligne. Le nombre de sonneries permettent d’identifier le propriétaire du téléphone (exemple : trois longs deux courts). Tout le monde pouvait donc écouter les conversations que les villageois avaient avec l’extérieur ! Le service télégraphique disparaît en 1969 avec l’arrivée du téléphone interurbain.

Le cinéma apparaît au village sous l’impulsion du curé Arthur Parent en 1953. Fonctionnant grâce à des génératrices à essence, le projecteur diffuse films bibliques et westerns à l’école où dans le sous-sol du couvent. La télévision quant à elle fait une apparition remarquée en … 1975 !

Pour ce qui est du transport des hommes, des marchandises et surtout du courrier, Natashquan pouvait compter au début du 20e siècle sur les progrès de la navigation à vapeur. Mais l’hiver venu, l’unique moyen de transport disponible s’appelait « cométique », l’ancestral traîneau à chiens inuit, qui reste très longtemps la seule alternative possible pour circuler sur l’immense pays de la Côte-Nord. C’est ainsi qu’un postillon appelé « cométique » était chargé de desservir un territoire s’étalant de Tadoussac à Blanc-Sablon, et cela une fois par mois ! Cette tâche, difficilement imaginable de nos jours, fut longtemps assumée par un certain Jos Hébert, rendu célèbre par Gilles Vigneault.

« Qui c’que c’est qui s’en va
Porter des lettres d’amour
Des gars de Havre-Saint-Pierre
Aux filles de Blanc-Sablon
Sur les chemins verglacés
C’est Jos c’est Jos Hébert. »

C’est en septembre 1922 que le premier aéroplane survole Natashquan. Des compagnies aériennes vont bientôt se succéder pour le transport du courrier. Le service postal est alors pour le moins rudimentaire : les sacs sont largués en plein vol dans une zone désignée. Ce qui ne se fait généralement pas sans casse. Le transport des passagers se développe quant à lui au cours des années cinquante et la première vraie piste d’atterrissage est construite en 1955.

La semaine prochaine, je vous parle de la vie avant et après la construction de la route 138.

Sources :
- FRENETTE (Pierre) & LANDRY (Bernard), Natashquan… Le goût du large, Montréal, Les Nouvelles Éditions de l’Arc, 2005.
- Sur la route de Natashquan, audio guide routier, Natashquan, 2005.

dimanche 10 février 2008

Histoire de Natashquan (2) : Développement du village (1900-1940)

L’année 1903 marque l’arrivée de France à Natashquan des frères Eudistes. Ces prêtres, très actifs, vont moderniser l’organisation du village et être à l’origine de la création de la première municipalité civile (1907). Le pont sur la rivière Natashquan, reliant enfin les deux parties du villages, sera achevé et béni en 1912. Il en sera de même pour le quai, construit sur l’initiative du député libéral Joseph Girard. Deux phares, un petit et un grand, sont également construits au tournant du 20e siècle.


Charles Robin, Archives nationales du Canada

Les années trente vont marquer le déclin de la pêche à la morue. Avec le développement des nouveaux bateaux à vapeur, le poisson frais et congelé va avoir le dessus sur le bon vieux poisson séché et salé de Natashquan. L’entreprise des frères De la Parelle, devenue la « Robin », ferme ses portes en 1935. La pêche à la morue continuera, mais c’est la fin d’une époque pour le village.

Pointe-Parent

Parallèlement à l’installation des Madelinots à Natashquan se développe le village du Poste, où se déroulent l’achat de fourrures et le partage de la pêche au saumon avec les chasseurs autochtones qui reviennent sur la côte au cours de l’été. Le gouvernement du Canada-Uni va prendre le contrôle du poste en 1859 pour en faire un club de pêche pour riches sportifs britanniques et américains. Le village, composé de moins d’une dizaine de familles va donc se développer à l’ouest de Natashquan et côtoyer les familles autochtones ayant de plus en plus de mal à subsister de leur pêche et ayant tendance à se sédentariser.

Nutashkuan : sédentarisation progressive des Montagnais

Avant la moitié du 19e siècle, les Innus, appelés aussi Montagnais, sont les seuls habitants d’un territoire gigantesque s’étirant jusqu’à 600 kilomètres à l’intérieur des terres, le long de la Côte Nord. Ils vivent au départ de chasse, de pêche et cueillette. Avec l’installation des premiers comptoirs de traite au 18e siècle, ils vont se spécialiser dans le piégeage et la trappe. L’expansion des villages blancs au 20e siècle, l’arrivée progressive d’industries minières et forestière, la construction de barrages hydro-électriques, etc. vont profondément modifier leur mode de vie et accélérer leur installation dans de nouveaux villages fixes, comme Nutashkuan, qui forme une des neuf communautés innues du Québec.

La réserve de Nutashkuan est collée au village de Pointe-Parent. Elle est "créée" en 1953 par le gouvernement fédéral et comprend au départ une quinzaine de maisons entourant une petite chapelle. Les Montagnais ne cesseront de l'agrandir au fil du siècle.

[À suivre]


L’histoire des Innus au vingtième siècle, depuis leur sédentarisation jusqu’à aujourd’hui, demanderait que j’y consacre un vaste article dont je ne cesse de repousser la rédaction. Faute de mieux pour l'instant, je vous proposerai un article en forme de fiche d’identité de la nation Innue, la deuxième plus populeuse du Québec. Ce sera pour la semaine prochaine, à la suite d’un autre article, consacré lui à l’évolution des moyens de communication à Natashquan.

Sources :
- FRENETTE (Pierre) & LANDRY (Bernard), Natashquan… Le goût du large, Montréal, Les Nouvelles Éditions de l’Arc, 2005.
- Mythes et réalités sur les peuples autochtones, Pierre Lepage [sous dir.], Montréal, Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse, 2002.
- FRENETTE (Pierre), Histoire de la Côte-Nord, Coll. «Les Régions du Québec», Québec, IQRC, 1996.

mardi 5 février 2008

Reprise


La tempête est passée, elle a fait des dégâts, mais la vie continue.

Je ne crois pas qu’il soit très pertinent de revenir ici sur les évènements qui ont eu lieu la semaine dernière. Je tiens tout de même à remercier les gens de Natashquan qui ont pris le temps de lire mon blog avant de me juger, et toutes celles et ceux qui m’ont encouragé à rester au village et à continuer de décrire mes découvertes. Un grand merci également aux nombreux internautes qui m’ont écrit ou ont laissé des commentaires. Votre soutien m’a été très utile et m’a permis, dans la confusion, de comprendre que je ne faisais pas fausse route avec ce blog.

Si vous le permettez, cet espace va donc reprendre ses modestes activités avec la publication, dans les prochains jours, de la suite de mes petits articles consacrés à l'histoire du village.

À très bientôt donc, dans la joie, la bonne humeur et l'incroyable lumière de ce bout du monde,

Guillaume.

jeudi 31 janvier 2008

Aux villageois de Natashquan

J'avais prévu de publier aujourd'hui la deuxième partie de mon résumé de l'histoire du village, mais je me vois contraint et forcé d'en retarder la parution pour de drôles de raisons : depuis ce matin court dans le village le vilain bruit que certains articles de ce blog seraient méprisants pour les gens de Natashquan, ses commerces et sa radio communautaire. Devant l'ampleur de ce micro-scandale, je tiens donc à présenter mes excuses pour mon manque de clarté, mais également à préciser certaines choses :

1) Ce blog n'a une vocation qui n'est ni commerciale, ni touristique. Il ne s'agit que d'un journal de bord destiné d'abord et avant tout à ma famille et à mes amis, et qui n'a d'autre but que de faire partager mon expérience dans un village "éloigné", situé dans un pays (le Canada ou le Québec) qui l'est également. Je n'ai jamais essayé de faire de la publicité, positive ou négative, pour aucun commerce du village.

2) Je suis l'unique auteur de ce blog. Il n'a aucun lien avec la Copacte, la municipalité ou n'importe quel commerce du village. J'assume l'entière responsabilité des propos qui y sont tenus, me rattachant à la plus élémentaire liberté d'expression, mais suis prêt à rediscuter de certains passages incriminés, à annuler certains passages ou à supprimer purement et simplement ce blog. Mon dernier désir est de faire du remous.

3) Si je parle de magasinage au Havre, ou de musique "country-Côte-Nord", ce n'est que pour décrire ma découverte d'une culture nouvelle, d'une nouvelle manière de vivre. Je ne cherche à aucun moment à dénigrer les commerces locaux, qui fonctionnent très bien vu l'éloignement du village et dont je n'ai jamais eu à me plaindre.

J'espère, une fois ces quelques points clarifiés, faire redescendre un peu la pression, et pouvoir terminer mon séjour dans ce beau village avec le même bonheur qui m'accompagne depuis mon arrivée ici. De nouveau, je présente mes excuses aux personnes ayant mal interprétés mes propos, et suis ouvert à toute discussion.

Guillaume Hubermont.

vendredi 25 janvier 2008

Histoire de Natashquan (1) : les premiers habitants

Les tempêtes sont passées et le froid et revenu. Cette semaine, les températures sont descendues sous les –50°. Le soleil a brillé toute la semaine sur un paradis de glace et de couleurs pâles. J’ai profité du calme pour rédiger maladroitement un petit résumé de l’histoire de Natashquan. Je vous le livre en plusieurs petits chapitres.

Aujourd’hui, vous saurez enfin comment, quand et par qui a été fondé le village.

Les pionniers

Les premiers habitants de Natashquan sont originaires des Îles de la Madeleine. Il s’agit pour la plupart de descendants d’Acadiens qui avaient déjà été chassés d’Acadie par les anglais au milieu du 18e siècle. En 1793, ces émigrés sont rejoints par des familles qui s’étaient réfugiées sur les îles Saint-Pierre et Miquelon.

Lorsque les Îles de la Madeleine sont confiées en seigneurie à un nommé Isaac Coffin (1806), les Acadiens perdent tous les droits et acquis sur la terre et sont assommés de taxes. De plus l’espace vient vite à manquer et les mauvaises récoltes s’accumulent. Certains habitants des Îles de la Madeleine cherchent donc un nouveau refuge. La Côte Nord, littoral encore vierge et bien connu de plusieurs Madelinots (habitants des Îles) sera la destination d’une centaine de famille. Celles-ci se dirigent d’abord vers Kegaska, et ensuite vers Natashquan et la Pointe-aux-Esquimaux (aujourd’hui Havre-Saint-Pierre). Cette dernière deviendra une véritable petite capitale acadienne au fil des ans.


Les première familles arrivent à Natashquan en 1855, à bord de la goélette La Mouche. Ils sont une vingtaine de personnes et forment le noyau de la nouvelle colonie. Une dizaine de familles les rejoignent l’année suivante. Ce deuxième groupe compte une trentaine d’enfants. D’autres suivront, et on recense en 1861 vingt-et-une familles et cent quinze habitants, parmi lesquelles les grandes familles toujours présentes au village aujourd’hui, comme les Vigneault, les Landry, les Lapierre et les Cormier.

Les pionniers vivent principalement de la mer. Certains ont des bœufs (utilisés comme animaux de trait), des vaches et cochons, d’autres entretiennent un petit jardin. Mais souvent la survie prime sur le reste, et c’est la mer qui fournit aux habitants de quoi subsister l’année durant. Le loup-marin à la fin de l’hiver, et puis la saison des grandes pêches : hareng tout d’abord, morue ensuite et surtout. Celle-ci attirera à Natashquan trois compagnies dès 1858, dont une seule s’installera durablement au village, celle des frères De la Parelle. Cette compagnie emploiera une vingtaine de saisonniers l’été.

Plusieurs mauvaises saisons de pêche se succèdent au début des années 1880. Les pêcheurs s’endettent, et la disette s’installe. La situation est telle qu’en 1886, le curé en place au village propose de déménager le village vers sa patrie d’origine et de la reconvertir à l’agriculture. Une trentaine de familles natashquanaises suivent le curé et partent fonder Saint-Théophile, en Beauce. Mais Natashquan reste debout et la pêche reprend petit à petit.

[À suivre]


Sources :

- FRENETTE (Pierre) & LANDRY (Bernard), Natashquan… Le goût du large, Montréal, Les Nouvelles Éditions de l’Arc, 2005.
- Sur la route de Natashquan, audio guide routier, Natashquan, Copacte, 2005.

samedi 19 janvier 2008

Expressions

Ceux qui me lisent depuis les débuts de ce blog ont certainement pu observer à quel point ma première expérience de la neige a progressivement pris le dessus sur tous les autres volets de mon séjour à Natashquan, comme s’il n’existait plus que l’hiver ici. Et il est vrai que tout autre sujet me paraît dérisoire en comparaison aux douceurs et rigueurs de la saison froide. Si mon but était ici de vous dépayser (je parle à mes compatriotes), il n’y en aurait que pour la neige et la glace. De peur de me répéter, je vous annonce donc qu’au moins deux articles au contenu moins enneigé sont en chantier. Le premier est consacré à la création du village, aux Montagnais et à l’origine des habitants de Natashquan. Le second se concentre sur l’apparition progressive de la vie moderne à Natashquan, du télégraphe à l’Internet. Ce sera pour la semaine prochaine.

Pour passer le temps d’ici là, voici quelques expressions communes de la langue française que je me suis plu à revisiter sous le soleil de Natashquan. Ça a commencé parce qu’un policier me contait à l’Échouerie que sa blonde l’avait quitté pour un autre tandis qu’il chassait sur l’île d’Anticosti. Pour la première fois, je rencontrai quelqu’un illustrant l’adage « Qui va à la chasse perd sa place ».

Et je me suis rendu compte que d’autres expressions prenaient tout leur sens ici. Ainsi, une nuit « baignée de clair de lune » ne saurait l’être plus que de notre jardin. J’ai pareillement pu observer qu’au mois de novembre, quand l’hiver n’est pas encore très sûr de lui, la neige au soleil ou à la pluie « fond comme neige au soleil ».


Les Galets vus de l'Échouerie

Nous avons subi trois grosses tempêtes ces deux dernières semaines. Et rien n’est plus beau que « le calme avant/après la tempête ». La mer s’immobilise, le ciel prend un bleu intermédiaire, le vent disparaît, et le silence le plus profond s’installe sur le village et la plage. Soudain, au fond de l’horizon apparaissent, telles des armadas vikings, d’immenses nuages variant du gris au noir qui, en quelques minutes, atteignent le village et le mettent sans dessus dessous. Neige, grêle, vent destructeur, vagues furieuses, poudrerie aveuglante. Notre maison en bois, qui n’a heureusement pas été construite par un petit cochon, résiste en craquant au souffle dévastateur de l’ouragan. Ça dure une couple d’heures ou de jours. On ferme la route, l’électricité saute, la neige recouvre portes et voitures. Et puis, en quelques minutes, les bourrasques faiblissent, le bleu transperce le gris et le blanc, la mer se calme, la neige retombe en planant sur le sol. Toute cette extraordinaire force enragée s’en va voir ailleurs. Le ciel est bleu, il n’y a plus un bruit. On tente un pied dehors, après avoir dégagé la porte recouverte d’une montagne de neige, Les oiseaux reviennent, on entend plus au loin que les bruits de pelles qui s’affairent à remettre de l’ordre dans le paysage et les moteurs crachotants qui tentent de redémarrer.

Malheureusement, la tempête n’est pas très photogénique. Il faut voir, la nuit, l’éclairage public vaciller sous les colonnes de vent chargées de neige. Il faut prendre une marche plié en deux, sans aucune visibilité, jusqu’à la plage. Faute de pouvoir vous faire ressentir ce déchaînement fabuleux, voici quelques instantanés du « calme avant la tempête » qui a démarré hier vers 17h et qui souffle encore abondamment aujourd’hui.



vues du pont de Natashquan et de l'auberge "Le Port d'attache"

mardi 15 janvier 2008

Plaisirs d'hiver